Lorsqu’on parle de sentiments, on parle de quelque chose qui engage directement l’être. C’est pourquoi le lieu de la fidélité doit être construit, entretenu et sauvegardé, mais rien n’assure du chemin que l’on va suivre. A la base d’une amitié ou d’un amour fidèles, il y a un désintéressement qui éloigne du contrat, une spontanéité qui écarte de l’obligation. Il y a une volonté commune de prolonger le lien le plus possible, mais, en aucun cas, il ne s’agit de s’enfermer dans une liaison prétendument invulnérable, au risque de méconnaître ses propres fragilités et celles des autres.
La fidélité s’instaure comme une reconnaissance de l’autre, se fonde sur une décision qui se renouvelle chaque jour et ne peut donc reposer sur une promesse toute formelle. C’est pourquoi il ne faut pas lui prêter à l’avance une stabilité qu’elle conquiert laborieusement, l’intimité qu’on cherche à bâtir avec autrui étant toujours soumise aux accidents de la vie et aux faiblesses des êtres humains.
« La fidélité ou l’amour à vif » de Michela Marzano